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Crevés, épuisés, éreintés, nous souffrons tous de fatigue chronique. Nous ne rêvons que de repos, mais la nuit, impossible de trouver le sommeil. Pourquoi dormir est-il devenu si compliqué ? Enquête sur le mal du siècle.
Dormir du sommeil du juste, la France ne rêve que de cela. Une enquête OpinionWay de 2013 l’a révélé : nous sommes 70 % à ouvrir les yeux au moins une fois par nuit, et plus d’un tiers d’entre nous souffrent d’insomnies.
Mais que se passe-t-il pour que nous ne dormions plus qu’à moitié ?
Une perte de temps
L’époque n’aime pas le repos. Dans un monde où l’on travaille de plus en plus souvent en horaires décalés, la nuit est une perte de temps. Et dormir est devenu contre-productif. « Il est même admis que l’on peut impunément empiéter sur son temps de sommeil, puisque celui-ci est contraignant », déplore Joëlle Adrien, neurobiologiste, directrice de recherche à l’Inserm et coauteure des « Mécanismes du sommeil » (Le Pommier, 2013). Notre « hyperéveil », voilà donc un des nouveaux éléments perturbateurs de notre bon repos. Toujours sur le pont, sur le qui-vive, nous ne décrochons plus. Ou mal : 42 % des Français gardent leur portable allumé sur leur table de chevet et 64 % sont régulièrement réveillés par des messages… qu’ils lisent dans deux tiers des cas. « Peu à peu, notre sommeil ressemble à celui, haché et perturbé, des one call, comme on désigne, outre-Atlantique, les travailleurs susceptibles d’être appelés à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, poursuit la spécialiste. En alerte permanente, soumis à de fréquentes montées d’hormones de stress, nous avons du mal à accéder à un repos bénéfique, même si nous dormons, en moyenne, sept heures par nuit. »
Chez les psychanalystes, même constat : l’extrême vigilance qui nous caractérise depuis peu, voilà ce qui nous mine, aussi. Sournoisement. « Aujourd’hui, sans que cela soit explicitement formulé, tout le monde est soumis au même régime : priés d’être efficaces, rapides, réactifs, multitâches, nous vivons, sans même en avoir conscience, sous une pression constante qui nous lamine. Et chacun avance comme il peut… Dire que l’on est épuisé est devenu si banal que plus personne n’y prend garde » explique la psychanalyste et philosophe Anne Dufourmantelle, coauteure de « Se trouver. Dialogue sur les nouvelles souffrances contemporaines » (Lattès,2014).
Un autonettoyage du cerveau
En abîmant notre sommeil au nom de la performance et de la rentabilité, nos modes de vie ont fini par nous faire oublier l’essentiel : dormir est un besoin vital.
Dormir ne servirait pas seulement à recharger le corps et l’esprit comme on le dit souvent, mais permettrait surtout de « nettoyer » le cerveau.
Une étude menée fin 2013 par les universitaires de Rochester, dans l’Etat de New York, a en effet mis en évidence l’existence d’un réseau de canalisations cérébrales où circulerait un liquide servant à collecter les protéines toxiques accumulées durant la phase d’éveil. En augmentant son volume de plus de 50 % durant les phases d’endormissement, ce flux constituerait un système d’autonettoyage indispensable à la survie de l’organe. D’où leur conclusion : c’est la nécessité de cette « vidange » qui provoquerait le besoin de dormir et toute défaillance dans cette belle machinerie jouerait un rôle majeur dans de nombreuses maladies neurodégénératives (Alzheimer, Pick, Parkinson…).
Limiter son temps d’exposition aux écrans informatiques le soir, tout en s’exposant à la lumière naturelle pendant la journée, reste un bon moyen de ménager son sommeil.
Autres facteurs contemporains délétères pour notre qualité de sommeil : la sédentarité et l’enfermement. Véhiculé, assisté, l’humain moderne entretient même ses contacts via son ordinateur. Une économie d’énergie qui l’épuise ? Logique : moins on stimule l’éveil pendant la journée, moins on a l’habitude d’en faire et plus on compromet la qualité du sommeil la nuit.
À chacun sa nuit idéale
Le monde n’étant pas près de se calmer, sortir de cette spirale infernale de la fatigue est-il possible ? La création de l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV), en 2000, le laisse penser. En France, comme dans tous les pays européens, cette problématique contemporaine est devenue une question de santé publique. Et l’éclosion, sur tout le territoire, d’une cinquantaine de « centres du sommeil » agréés le confirme : il faut informer et éduquer sur ce facteur essentiel de la santé. Mais toutes leurs recommandations permettent-elles d’inverser la tendance ? « Ce travail de sensibilisation n’est pas inutile, constate Joëlle Adrien. Mais il est certain que crier au danger n’est d’aucune efficacité si les gens n’ont pas envie de changer. » Pour renouer avec les nuits calmes, nulle autre solution, donc, que la prise de conscience. Il faut certes procéder à des aménagements pratiques (pas trop de chauffage, de lumière, de bruit…), mais surtout prendre conscience de ce que l’on fait pendant la journée et tenter de mieux comprendre son propre chronotype. « Notre besoin de sommeil dépend de notre génétique. Gros ou petit dormeur ? Lève-tard ou couche-tôt ? A chacun de déterminer la durée de repos qui lui est nécessaire, à partir d’une seule règle : la nuit idéale est celle qui permet de se sentir reposé et d’avoir un bon fonctionnement dans la journée », poursuit la directrice de recherche. Apprendre à se connaître pour composer avec qui l’on est, c’est aussi ce que suggère Anne Dufourmantelle. « Je ne crois pas aux auto-injonctions du type “Il faut que je dorme !” qui ajoutent du stress au stress, conclut la psychanalyste. La réconciliation avec le repos doit passer par un autre chemin. Celui d’une consolidation progressive de son espace intérieur… »
Enquête à retrouver en intégralité dans le numéro Février-Mars de CLES
Enquête à retrouver en intégralité dans le numéro Février-Mars de CLES